"Il y a plus de cent ans, bien avant ... Milton-Parc"
Au tournant des années 1900, les deux dames qui jasent à l'ombre en bordure du trottoir ne se doutent pas qu'elles se trouvent au coeur d'un (futur) vaste développement résidentiel : le projet de "La Cité", dans Milton-Parc. La photographie nous montre l'angle nord-est du carrefour de "Park Avenue" et de "Bagg Street" (future rue Prince-Arthur).
source de la photo : collection de cartes postales anciennes BAnQ
Le tramway qui se dirige vers le sud vient de passer devant un magnifique alignement de petites maisons de ville recouvertes de pierre calcaire et surmontées de mansardes rythmées par des lucarnes fort joliment ouvragées. Leur construction est toute neuve puisque l'atlas de 1890 nous indique que seules les maisonnettes de brique de la rue Bagg, à droite, sont déjà construites. Nous sommes donc au moment ou tout ce quartier se développe activement.
"Milton-Parc", qui s'étend de Sherbrooke à des Pins et de University à Saint-Laurent, sera dans les années 1970, le théâtre d'un important drame social. Une grande compagnie de développement immobilier achète en catimini la majeure partie des propriétés au centre de ce secteur, dans le but de les raser afin de réaliser d'importantes tours d'habitation. On assiste alors à un mouvement des résidants qui s'organisent en masse afin de s'opposer au projet. Ils réussissent finalement à stopper le projet, mais sans toutefois pouvoir éviter la démolition de 255 bâtiments lors de la mise en oeuvre de la première phase.
Dans les années 1980, une fois le projet stoppé, les bâtiments résiduels sont acquis par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), que les comités citoyens ont convaincue d'élaborer avec eux ce qui s'avère la plus grande coopérative d'habitation du Canada. L'exercice jette les bases du grand mouvement coopératif qui s'ensuivra dans ce domaine au Québec. Ce carrefour est aujourd'hui entouré de hautes tours d'habitations, mais le reste du quartier a été préservé avec bonheur.