Le tunnel de la «mort»
En 1932, le Plateau Mont-Royal est presque complètement développé et de nombreuses industries sont établies sur son territoire. Les déplacements deviennent de plus en plus nécessaires et il faut se rappeler que notre quartier est en grande partie enclavé, au nord et à l’est, par des voies ferrées du Canadien Pacifique qui sont très importantes et très fréquentées.
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Aussi, pour l’économie montréalaise et pour les résidants qui ont à se déplacer, les traverses à niveau datent de plus en plus d’une époque révolue. Au début du vingtième siècle, les voies importantes du quartier commencent à se doter peu à peu de passages en tunnel, mais il faudra attendre les années de la «Grande Crise» pour voir ces travaux s’accélérer.
Le boulevard Saint-Joseph, dont les différents tronçons sont maintenant unifiés, se bute à l’est aux voies ferrées du secteur Iberville. On voudrait bien prolonger le boulevard jusqu’à Pie IX. Les travaux s’amorcent afin de franchir l’obstacle. Le défi est important puisque trois séries de voies ferrées obligent la construction de trois tunnels. Un pour la rue Iberville et deux (de part et d’autre de la rue Iberville) pour la traversée du boulevard Saint-Joseph. Cela produit un carrefour qui est entièrement enfoncé dans le sol et les plafonds et parois des tunnels rendent la visibilité très difficile pour les automobilistes. Il y aura au cours des ans de nombreux et graves accidents qui lui donneront ce fameux surnom de «tunnel de la mort».
En 2000, la Ville de Montréal annonce d’importants travaux de réfection, mais à ce jour, seul le tunnel ouest a été démoli. La photographie nous montre bien l’ampleur de cet ouvrage de titan; réalisé par des fourmis ouvrières équipées davantage avec leur détermination et leur inventivité, que par les gros équipements lourds que nous connaissons aujourd’hui.