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histoire du Plateau Mont-Royal

14 janvier 2018

«L'Orient Express de la rue Mont-Royal ...un tramway mythique"

Quand  la ligne 52 du tramway Mont-Royal vous fait traverser les continents;  ... Il ne vous reste qu'à sauter dedans, payer votre ticket et ouvrir grands vos yeux et vos oreilles.  Profitez-en !  Comme on dit, ..."c'est la plus longue ride en ville".  

La semaine dernière, je vous ai partagé un texte de Jean-Claude Germain qu'il avait livré lors de la cérémonie où la Société d'histoire du Plateau-Mont-Royal lui remettait son prix Rayonnement 2017.

Cette semaine j'ai posé les yeux sur un autre texte de ce "plateaunien" dans l'âme et je vous le propose à déguster.

Boulevard Saint-Laurent hiver 1952 d angle Mont-Royal

Le vaisseau amiral de cette armada des tramways montréalais, et la vedette du récit de Jean-Claude Germain, termine son virage depuis l'avenue du Mont-Royal vers le sud sur Saint-Laurent.  Il devra prendre soin de ne pas érafler les bagnoles stationnées, dont cette belle Buick 1951; parmi les dernières à posséder un gros 8 "en ligne".  Archives de la STM Montreal tramways.

"J’aurais eu du mal à faire le compte des moyens de locomotion qu’empruntaient les héros de tous les récits d’aventure que j’avais lus. Les Juifs traversaient la mer rouge à pied sec, les chevaliers de la Table ronde s’égaraient dans la forêt de Brocéliande à cheval, les pirates et les corsaires faisaient la course en bateau, les Touaregs s’enfonçaient dans le désert à dos de chameaux, les trains transportaient les canons de la révolution au Mexique, les voitures tiraient de la mitraillette dans les rues de Chicago, les princes hindous visitaient l’Atlantide en sous-marin, les journalistes enlevaient des missionnaires en ballon et les pilotes de ligne franchissaient les Andes pour livrer la poste en avion, mais personne ne semblait avoir entendu parler du tramway.

Et encore moins de l’aventureux 52 !

À l’échelle de Montréal, la ligne 52 de la rue Mont-Royal aurait pu se comparer – le luxe en moins – à celle de l’Orient Express par la diversité des territoires qu’elle était appelée à traverser. Ce n’est pas le tramway qui fait la ligne, c’est le parcours. Et celui-là était à nul autre pareil. Les 52 prenaient rail à la sortie des abattoirs rue D’Iberville - un emplacement occupé aujourd’hui par le Journal de Montréal. Jusqu’à la rue De Lorimier, le trajet était un réchauffement. Un entre-deux sans histoire toujours en attente de se donner une personnalité.

 

Tramway Mont-Royal garage Fullum

Jean-Claude Germain nous parle du terminus Fullum comme origine du 52.  Toutefois, pendant longtemps cette ligne se développera du terminus Atwater (Forum), jusqu'au boulevard Pie-IX du Jardin Botanique.   Celui-ci quitte le terminus Fullum.  Archives de la STM Montreal tramways.


L’entrée sur le Plateau historique se faisait progressivement : d’abord un portail majestueux de frontons de banques, une chocolaterie Jean et Charles qui connaissait son heure de gloire tous les ans à Pâques, Tony Pappas pour l’exotisme du nom, Le Cheval noir pour les rares adeptes de la viande chevaline, et coin Papineau : le feu d’artifice. Des cinémas : le Dominion, le Papineau et le Passe-temps. Des cinq-dix-quinze : Kresge’s, Woolworth’s. Un grand magasin à rayons : Messier. Des barbiers à tous les coins de rue, la taverne Normand, la pharmacie Michon, Giroux, Dionne, Reitman’s, Grover’s, des hardware stores, des snack bars, des soda bars, des delicatessens avec des pots de piments rouges dans la vitrine, des magasins de lingerie et de chaussures, des bijouteries et même une boutique de chinoiseries. Jusqu’à l’église des Pères du Saint-Sacrement dont la paroisse desservait les bourgeois cossus de la rue Saint-Hubert, les arrêts étaient multiples comme il se doit sur la grande rue d’un village.                                      

À partir de Saint-Denis jusqu’à Saint-Laurent, on avait l’impression de se frayer un chemin dans l’arrière-cour de ces deux grandes artères, un bric à brac où s’entassaient pêle-mêle des commerces aussi dépareillés qu’incongrus. Un souk où le vendeur de machines à coudre et le réparateur de parapluie vivaient côte à côte en parfaite disharmonie, au milieu de magasins de retailles de tissus, de formes de chapeaux, de boutons et de paillettes, d’articles de plomberie ou de ferblanterie. L’endroit rêvé pour partir à la recherche d’un modèle de washeur discontinué.           

Coin Saint-Laurent, le conducteur quittait son poste pour actionner les rails mobiles et le 52 s’engageait à contre-courant dans le couloir de l’immigration. Il roulait en direction du port alors que les nouveaux arrivants, avec les Italiens comme fer de lance, montaient toujours plus haut vers le Nord. Rétcheul ! R-a-chel ! lance le contrôleur. Nous entrions dans le royaume de la confection. L’industrie de la guénille n’avait pas pignon sur rue comme les boutiques. Elle éparpillait discrètement ses ateliers de misère dans les édifices à plusieurs étages qui longeaient la Saint-Lawrence.
.    

 

4440 CC 058 petit

Ce monde fabuleux de la confection a pris naissance sur la Main souvent dans de minuscules bâtiments.  Ici, c'est l'ancien "American Sample Dress", angle Duluth.  Le travail de confection s'est ensuite déplacé dans des structures plus importantes, comme le "Cooper", le "Vineberg" ou le "Balfour".

Biltmore Shirt années 1930 (édifice Balfour) archiv

Au royaume de la chemise blanche et des collets empesés.  Les ouvrières de la Biltmore Shirt Co. travaillent dans l'édifice Balfour angle Saint-Laurent et Prince-Arthur.  Source de la photo archives de la Rubenstein Bros Co. Inc. (tirée du livre de Pierre Anctil "Saint-Laurent, la Main de Montréal).             

Le soir, au retour, le 52 était envahi par une horde de babouchkas. Rien ne pouvait résister à la poussée polonaise et ukrainienne de l’Europe centrale qui sortait d’une longue journée dans un sweat shop comme un obus sort de la culasse. Nous n’avions guère d’autre choix que d’obéir au mouvement irrésistible de l’immigration qui nous poussait vers l’avant du tramway. Heureusement que la seule entrée était située à l’arrière. Sinon l’offensive en sens inverse d’un nouveau bataillon de babouchkas nous aurait littéralement oblitérés. Auraient-elles dansé de joie ? L’exubérance n’était pas de la gamme de leurs émotions qui se limitait à une variété de grognements d’impatience. Avec leurs foulards attachés au menton, d’où leur surnom, et leur visage fermé, toutes les babouchkas semblaient moulées dans une même tristesse inguérissable.        

Doulouth ! Dul-u-t-te ! Maintenant l’ambiance, la texture et le décor étaient juifs. Moishe’s, le bain Shubert, Schwartz’s, Berson & son’s, le fabriquant de pierres tombales hébraïques, Warshaw’s, la Saint Lawrence Bakery.        

Ma connaissance du monde juif se résumait alors au goût très sucré d’un vin aux raisins noirs cacher. Lorsque ma mère était une toute jeune modiste, sa bourgeoise juive l’amenait avec elle à New York à tous les printemps pour assister au fameux défilé de Pâques, l’Easter Parade, sur la Cinquième avenue. Elle était là, tout comme les couturières new-yorkaises, pour observer de près les nouveaux chapeaux, les nouvelles robes et les réinterpréter ensuite pour la clientèle de sa patronne. À tous les Chanukahs, cette dernière avait pris l’habitude de lui offrir une bouteille de vin Manischewitz. Ma mère y avait pris goût et depuis à tous les Noëls, la bouteille carrée faisait partie de la panoplie des alcools. Si un peuple à un boire aussi sucré, disait mon père, y doit avoir manqué d’affection rare dans sa vie ! C’était le moins qu’on puisse dire.

 

En traversant la rue Sherbrooke, ....

 ..... Ici Jean-Claude Germain poursuit la description de son périple vers l'ouest.   En fait, à une certaine époque, le 52 allait du Forum jusqu'au Jardin Botanique.  Tout un voyage ! 

Comme nous quittons le Plateau proprement dit,  j'arrête ici ce récit et le lecteur curieux qui souhaite connaître la suite de ce voyage incroyable peut le faire de deux façons (histoire d'attiser la curiosité).  Il peut se rendre sur le blogue du Plateau http://histoireplateau.canalblog.com/ ,  ou se procurer l'autre magnifique livre de Jean-Claude Germain.

SUITE

on apercevait à droite, l’église orthodoxe grecque Sainte Trinité et en abordant la côte, à gauche, le fronton de la Brasserie Ekker’s et sur la plateforme de chargement, les barils de la bière Black Horse et plus bas, à gauche, l’édifice L. O. Grothé, fabricant émérite du cigare du peuple, le Peg-top.          

La rue Ontario marquait l’entrée du Red light avec Le Faisan doré rebaptisé Café Montmartre, ancêtre au même endroit de tous les night-clubs montréalais sous un autre nom, le Frolics Cabaret, et grand initiateur des folles nuits de la métropole avec l’arrivée dans les années vingt d’une Queen of the Main, Texas Guinan et son cri de ralliement nocturne Hello Suckers !  

Coin Sainte-Catherine, le conducteur quittait son poste une deuxième fois pour aiguiller son tramway vers l’Ouest. En raison de la circulation automobile dans toutes les directions, l’opération nous donnait habituellement le temps de lire et de relire les titres à l’affiche des cinémas Crystal et Midway, invariablement des films de guerre : Okinawa, Guadalcanal, Saïpan, Pearl Harbor, D Day.      

En roulant dans le no man’s land entre les deux villes, on laissait derrière le Blue Sky et la Librairie tranquille, le Gayety’s, palais en résidence de la deuxième reine de la Main, Lily St-Cyr, le Saint-Germain-des-prés, le Continental, le bel édifice à plusieurs étages d’un marchand de meubles Woodhouse et l’immense terrain de la maison de réforme Saint-Jean Bosco où l’on a érigé la Place des arts par la suite.         

La ville anglaise et le centre-ville – par opposition au bas-de-la-ville qui était l’ancien centre – débutaient rue Bleury par une première rangée de cinémas, le carré Phillips et une cathédrale protestante, Christ Church, flanquée de deux temples du commerce au détail, Morgan’s – plutôt arsenic et vieilles dentelles à la mode Agatha Christie – et Eaton’s – définitivement modern style. Encore tout jeune, j’étais déjà un habitué du fameux restaurant du neuvième étage. Le décor Art déco de Jacques Carlu convenait parfaitement à ma mère. Au milieu des jeux de lignes et des géométries de formes abstraites, on était un peu à Paris, au Bœuf sur le toit, sans le savoir et sans Joséphine Baker et son bal nègre. Comme ses sœurs, ma mère était née pour porter un chapeau cloche et danser le charleston. Ses visites hebdomadaires du mercredi dans les grands magasins lui permettaient de suivre l’évolution de la haute couture et de vérifier la façon pour ne pas perdre la main.     

La rangée de cinémas et de grands magasins se poursuivait jusqu’à la rue Peel dont le coin était, aux dires des Anglos, le centre de la métropole comme c’était le cas de l’intersection Young and Bloor à Toronto. Un coin de rue ? Lequel des quatre ? Celui qui donne sur un kiosque de journaux, International News, où le jour comme la nuit, les dernières éditions des grands quotidiens du monde entier sont disponibles. Ou celui qui ouvre sur le Golden Square Mile ?    

On longe maintenant un quartier huppé, sauf pour Chez Paree, une boîte de strip-tease qu’on devine rue Stanley. Un marché Dionne pour les riches où, en toutes saisons, on trouve des fruits ou des légumes dont le restant de la ville a oublié l’existence. Ogylvie’s, un magasin à rayons pour les snobs, l’International Music Store pour la musique en feuille, quelques librairies, une arrogante église protestante, Layton’s pour les pianos et le nec plus ultra du four o’clock tea, le restaurant Murray’s.        

G-u-y-y-y-e ! Gui ! Et le grand théâtre de la haute société qui fréquentait le Ritz-Carlton. Le Her Majesty’s ! Louis Jouvet et sa troupe y avaient joué. Le climat de la Catherine changeait à nouveau. Une dernière tache de français, après Saint-Mathieu : Le Paris, un restaurant. Ensuite, les commerces semblaient bouder les passants et se refermer sur eux-mêmes. Qui êtes-vous pour nous déranger dans nos mots croisés ?.

Atwater ! Le Forum ! Tout le monde descend ! Si vous trouvez pas de billets pour la partie, je repars dans 15 minutes ! Le samedi ou le dimanche après-midi, mon père avait toujours les siens pour le match des Royaux de Montréal. À l’époque, n’entrait pas qui voulait dans la ligue Nationale ou dans l’équipe des Canadiens. La période de probation s’éternisait et la qualité du jeu de la ligue senior était exceptionnelle.       

Le capitaine de l’équipe Pete Morin était trop léger pour les majeures. Doug Harvey, qui n’avait pas la cote auprès de Dick Irving, attendait son tour en préparant les jeux avec une maestria élégante et fluide. Jimmy Orlando avait le calibre de la grande ligue, mais il était interdit de séjour aux États-Unis pour ses accointances avec la mafia. Propriétaire du El Morocco et amant de Lily St-Cyr, il jouait pour le plaisir. Il n’était pas le seul d’ailleurs.

Les Royaux affrontaient différentes villes du Québec dont Shawinigan. J’avais un faible pour son gardien de buts, un grand slacque déguingandé, tout en bras et en jambes, qui endossait un chandail différent de celui son équipe. Il était rayé noir et blanc à l’horizontale comme un prisonnier. Comme il s’ennuyait dans ses buts, il lui arrivait de passer derrière son filet et de faire une montée avec la rondelle jusqu’à la ligne bleue. Une fois, il a même poussé la provocation jusqu’à la franchir avec ses longues foulées et de déjouer le gardien de buts adverse. C’était le délire dans les estrades !       

Quelle aurait été la réaction de Marco Polo, si après un voyage aussi aventureux que celui du 52, il avait eu la surprise de découvrir le Forum plutôt que Cathay ? Sans doute la même ! Un total ravissement ! Et il serait revenu chez lui dans la même journée !"

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3 décembre 2017

“Un goût de fumée ...qui est toujours recherché”

En 1952, c'est la fumée des cigarettes qui est en vedette, avec toutes ces publicités qui envahissent  l'espace visuel du carrefour Mont-Royal et Saint-Urbain. 

Aujourd'hui, c'est plutôt la saveur du saumon fumé qui accompagne les fameux "déjeuners bagels" du populaire restaurant qui occupe maintenant le petit commerce d'angle.  

Saint-Urbain et Mont-Royal 1952

 

Les grands panneaux réclames, si populaires au sortir de la grande guerre sont maintenant disparus du paysage, mais les édifices sont demeurés identiques.  La marque de cigarette "Sweet Caporal" s'est vendue pendant plus de 125 ans au Canada, avant de disparaître en 2011. 

Quant à la marque de cigarettes Export, elle arrive sur le marché canadien en 1928.  Les deux compagnies offrent des cigarettes "plains", sans bouts filtres; les préférées des "vrais fumeurs".  Les bouts filtre se sont depuis imposés, mais les réclames sont depuis longtemps disparues; tout comme la cigarette qui elle aussi devient peu à peu une espèce en voie de disparition. 

L'affiche de  la "Drugs Arena" nous rappelle que de l'autre côté de la rue se trouve l'ancien aréna Mont-Royal où le club de hockey des Canadiens, des années 1920 à 1926, préparait ses conquêtes de la coupe Stanley.  Un incendie fait disparaître l'ancien édifice sportif en 2000. 

C'est intéressant de se faufiler dans la photographie pour bien s'imprégner de cette atmosphère si particulière des années 1950.  Nous sommes vraisemblablement en tout début d'après-midi.  Les enfants retournent peut-être à l'école et les badauds font leurs petites affaires.  Le minuscule local du coin de la rue s'agrandira finalement dans la pâtisserie voisine et donnera naissance à un restaurant qui fera le bonheur de générations de montréalais avec ses fameux déjeuners de bagels au saumon fumé qui occasionneront de longues files d'attente les dimanches matin.  La Plateau est maintenant connu pour ses nombreux restaurants où ces lignes sont fréquentes.  Tant mieux, c'est toujours agréable !

Petit point triste; le fondateur Monsieur Hymie Sckolnic vient de s'éteindre récemment.  Peut-être dégustera-t'il un bon bagel au saumon fumé à son tour?  On dit je crois, dans "olam haba".

18 août 2017

"Les gondoles ne sont pas toutes à Venise"

En 1954, les dimanches d'été sont les moments privilégiés pour aller se balader au parc La Fontaine.  

Dans les années 1950, le parc se transforme peu à peu et les éléments de son époque "romantique" disparaissent tranquillement. 

 

1954 Parc La Fontaine, Archives de la Ville de Montréal,VM105-Y-1-0153-006

 

source Archives de la Ville de Montréal

Le pont des amoureux est démoli, les grandes serres également; et on y construit le magnifique Théâtre de Verdure.  La Ville de Montréal érige aussi un vaste chalet-restaurant qui permettra non seulement d'offrir un casse-croûte aux visiteurs, mais aussi des vestiaires, au sous-sol, afin d'accueillir les patineurs l'hiver venu.  Un côté pour les gars et un pour les filles; pas de "dissipation" et chacun garde sa place comme il est de mise à cette époque. 

Cette renaissance du parc remet en vedette les deux étangs et on peut voir canots et chaloupes voguer sur l'eau.  Il y a aussi les fameuses gondoles de l'étang sud qui garantissent aux enfants (et aux parents qui ont gardé leur âme d'enfant) les plaisirs de croisières fabuleuses au beau milieu de la ville.  Les balades en gondoles datent du début du XXème siècle au parc.  Les toutes premières étaient de frêles esquifs, mais nous avons ici un véritable autobus qui transporte quelques dizaines de valeureux intrépides.  Pas de garde-corps, pas de chaînes protectrices, les enfants sont debout sur le bord du bateau et font le plein de souvenirs inoubliables.  Les règles de sécurité et les normes de l'époque ne sont pas les mêmes qu'aujourd'hui.  Peut-être cela avait-il à voir avec le plaisir des enfants à "braver le danger".  

D'autres modèles de gondoles ont suivi sur l'étang du parc.  Les types s'inspirant des "steam-boats" du Mississipi ont connu beaucoup de succès dans les années 1970. 

 

1965 Étang du Parc Lafontaine, A

 

source BAnQ Armour Landry

Ce n'est qu'au moment où  la vie trépidante de la terre ferme a supplanté celle plus aventureuse des marins d'eau douce, que les gondoles sont disparues.   Peut--être reviendront-elles y voguer un jour?

23 juin 2017

"Une laveuse dernier cri"

En1907,  l'avenue du Mont-Royal commence à peine à se développer.  Il faut dire que tout juste 15 ans auparavant, on y dénombrait  seulement neuf maisons sur le tronçon entre Saint-Denis et Papineau.  Imaginez !  Le début du XXème siècle sera étourdissant pour le développement du Plateau. 

Boyer et Mont-Royal BAnQ

image BAnQ fonds E.Z. Massicotte

La photo nous montre l'angle sud-est de l'intersection de Mont-Royal et Boyer.  On y retrouve aujourd'hui un vaste supermarché, mais à l'époque, c'est un petit commerce de quartier. 

Le magasin M. Robert & Cie offre du mobilier de cuisine; entre autres, des "stoves & ranges".  C'est l'équivalent actuel de nos "électroménagers", mais comme l'électricité est encore peu usuelle dans le quartier, les poèles sont au bois ou au gaz.  Alors, pour faire votre café du matin il faut vous lever de bonne heure. 

Vous serez sans doute curieux de constater que le caractère de la rue est surtout résidentiel et qu'en plus, les bâtiments sont implantés avec un généreux recul.  L'explication vient du fait que c'est surtout après cette frénésie de développement immobilier dans le quartier que l'on constate qu'il faut offrir des services à cette population qui ne cesse de grandir.  C'est alors que l'on construit des avancées au rez-de-chaussée afin d'agrandir les espaces et d'approcher entrées et vitrines en bordure du trottoir et des passants.  Cette réalité existe d'ailleurs toujours pour certaines têtes d'ilôts de Saint-André à Berri. 

La façade principale est en pierre calcaire alors que la façade secondaire, sur Boyer, est recouverte de briques.  Chaque logement possède son entrée individuelle et le dernier étage profite également d'une vaste galerie.  Quant au magasin Robert, il profite du dégagement devant sa place d'affaire pour faire étalage de ses modèles de laveuses les plus récents.  Pour faire la lessive, il faut d'abord emplir et par la suite vider la cuve du lavage, pour recommencer avec le rinçage.  Il faut aussi actionner le batteur à l'aide d'un long bras. 

Les gens s'ennuieraient vite de leurs boutons électroniques de cycle délicat.

16 juin 2017

Les cabarets du Plateau

Un loisir aujourd'hui disparu que celui des soirées au cabaret. 

Maintenant, on va écouter de la musique ou ses chanteurs et groupes préférés dans des bars-bistros, où c'est plutôt la conversation qui est à l'honneur.  Finis les tours de magie; rhabillée l'effeuilleuse en vedette; disparue la piste de danse; on se distrait et on socialise maintenant différemment. 

La photographie nous présente le carrefour de l'avenue du Mont-Royal et du Parc au milieu des années 1950.  L'emplacement actuel de la station-service était alors occupé par un cabaret très populaire, le Café Minuit

tramway terminus Parc et Mont-Royal Ralph Kurland modifié

 

                                                    archives de la Montreal streetcars et STM  

On y annonce en vedette la prestation du duo de chanteurs, imitateurs et fantaisistes "Les Jérolas".  Ces derniers débutent leur carrière en 1955 et comme on dit qu'ils firent leurs débuts à cet endroit, on peut donc situer la scène vers le milieu des années 1950. 

Jérolas

Le tramway "80 Bleury" file vers le centre-ville, mais lui, il se rappelle fort bien qu'avant ce cabaret un peu tape-à-l'œil, le bâtiment était occupé vers 1900 par la gare terminus du Montreal Park & Island Railway (secteur ouest de l'île).  La compagnie y avait ses bureaux à l'étage et le rez-de-chaussée était occupé par une salle d'attente.  L'endroit était partagé aussi avec la Montreal Street Railway ( secteur de Montréal centre-ville).  Le secteur est si achalandé par les différents tramways que l'on doit aménager une troisième voie sur Parc afin de faciliter les manœuvres des véhicules à ce carrefour; une situation unique à Montréal.  La gare est désaffectée en 1940.  

Quant au Café Minuit, la rumeur veut que l'endroit ait été parmi les premiers à Montréal à étaler un éclairage au néon; cela reste à vérifier.  Toujours est-il que sa toiture était garnie sur les deux principaux versants, d'un croissant de lune et d'étoiles filantes qui étaient du plus bel effet et que l'on voyait de loin étant donné la localisation de l'édifice.  Il est disparu dans un incendie au début des années soixante.

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15 juin 2017

“Un autobus électrique"

Les belles heures du transport en commun à Montréal reposent sûrement sur les "années tramway". 

Le nombre de circuits et de voitures assuraient un service hors pair.  Le tramway roule en ville depuis 1860.  D'abord tiré par des chevaux, le tramway devient électrique en 1892, avec le "Rocket" qui circule dans les rues du Plateau.  Ce mode de transport sera le roi des rues montréalaises pour les trois premières décennies du siècle dernier.  Il sera peu à peu remplacé par les autobus. 

trolleybus Amherst années 1950

 

                             source de la photo : STCUM

Entretemps, en 1937, la "Montreal Tramway" s'entiche d'une nouveauté britannique, l'autobus électrique.  Après une première ligne sur Beaubien, la ligne "Amherst / Christophe-Colomb" relie maintenant le Carré Viger à la rue Villeray avec ces "trolleybus". 

Silencieux, confortable, avec un système de chauffage très performant, le trolleybus offre surtout l'avantage d'aller chercher les clients en bordure de trottoir contrairement au tramway qui est prisonnier de ses rails.  Il manoeuvre facilement dans le trafic et peut se déployer d'une bonne quinzaine de pieds, de part et d'autre de ses fils aériens.  Tout comme le tramway, ce véhicule électrique ne résiste pas finalement aux efforts des grands constructeurs américains de bus à essence afin d'imposer  le bus dans les rues d'Amérique du Nord. 

Le tramway nous quitte en 1959 et le trolleybus en 1966.  Le transport en commun électrifié disparaît alors de Montréal.  Mais quatre mois plus tard il revient en force avec l'inauguration du métro.  Quant aux vieux trolleys, ils prennent une retraite dorée très enviable en allant se prélasser sous le chaud soleil de Mexico pendant une quinzaine d'années encore.  En 2016, on parle du futur Réseau électrique métropolitain (le REM) qui mettra aussi à profit l'électricité pour déplacer bientôt les montréalais.

3 juin 2017

"Les grandes baleines bleues"

Une espèce malheureusement disparue, pour ce qui est de la baleine bleue du Jardin des Merveilles. 

Au fil des chroniques historiques, le sujet du Jardin des Merveilles refait surface périodiquement.  Cette semaine, c'est la baleine du parc La Fontaine qui refait surface, car c'est probablement l'élément le plus emblématique de cet ancien petit zoo urbain. 

Baleine Jardin des Merveilles Christian Paquin Plateau_60_225

 

photo :  collection de cartes postales de Christian Paquin

C'est en tous les cas celui qui a fourni le plus grand nombre de souvenirs impérissables à plusieurs milliers d'enfants montréalais.  Cette rieuse baleine offrait aux enfants d'entrer dans sa gueule afin d'admirer un immense aquarium rempli de poissons multicolores.  Les plus jeunes étaient toujours craintifs d'entrer dans cette grande bouche rouge, mais le large sourire du cétacé avait tôt fait de les convaincre et les plus téméraires y allaient de bon coeur. 

Inauguré en juillet 1957, certaines saisons estivales  voyaient le Jardin des Merveilles accueillir plus de 350,000 visiteurs.  Aménagé dans le contexte du renouveau du parc La Fontaine entrepris par Claude Robillard, le directeur du nouveau service des parcs, cet équipement innovateur emporte immédiatement la faveur populaire.  Basé sur la thématique des contes pour enfants, la promenade est fabuleuse pour les petits (et aussi pour les grands) qui en reviennent la tête chargée d'images incroyables.  Les éléments du décor étaient multicolores et montraient des volumes et des formes fantaisistes qui amplifiaient cette impression de fantastique. 

En 1989, il ferme ses portes pour être remplacé dans le coeur des enfants par le tout nouveau projet de Biodôme.  Les animaux quant à eux se déplacent vers d'autres zoo, où ils se font de nouveaux amis.  Les quatre acres qu'occupaient le petit zoo sont retournés à la verdure du parc. 

Mais tout n'est pas perdu, puisqu'un petit rejeton de cette grande baleine bleue attend encore les enfants sur la terrasse du grand chalet-restaurant au milieu du parc. 

12 mai 2017

Des jeux pour les téméraires!

Dans les années 1950, les terrains de jeux municipaux sont les lieux de prédilection pour les jeunes enfants de la ville. 

Bien sûr, la bonne vieille ruelle demeure toujours un refuge intéressant; mais les parcs offrent en contrepartie des appareils de jeux si particuliers, qu'ils sont bien tentants. 

PL parc La Fontaine terrain de jeux échelle

 

source de la photo : Archives de la Ville de Montréal

Il y en a pour tous les âges et ils font tous appel au petit côté aventurier des jeunes enfants.  Nous sommes ici au terrain de jeux du parc La Fontaine et le nombre d'appareils est important.  Historiquement, ce parc a toujours servi de "laboratoire" afin d'élaborer des jeux et de les tester avant de les exporter dans les parcs de la ville. 

C'est la "Montreal parks and playgrounds association", incorporée en 1903 qui multiplie d'abord les efforts afin de sortir les enfants des rues et leur permettre de jouer dans les parcs; ce qui leur était jusqu'alors interdits.  Le surintendant du parc, Monsieur Émile Bernadet, est aussi son créateur et son metteur en scène.  C'est lui qui en 1910,  au retour d'un voyage à Denver ou il a découvert les appareils de jeux dans les parcs, qui fera fabriquer les premiers jeux au parc La Fontaine.  On crée également pour l'occasion les postes de moniteurs de terrains de jeux. 

On parle alors de balançoires et de glissades; mais plusieurs autres équipements viendront s'ajouter au fil du temps.  Les planches à bascule (seesaw); les carrousels propulsés par les enfants, qui sautent ensuite sur la planche de pourtour toute usée par le sable, pour se faire étourdir comme il faut; mais surtout, les échelles-balançoires montrées sur la photographie.  Un enfant à chaque extrémité, chacun balance l'autre jusqu'à ce qu'il crie grâce ...de peur.  À bien y penser, ce jeu est très dangereux et les fillettes sont bien braves de s'y adonner avec autant d'assurance.  Il faut avoir grande confiance dans son partenaire de jeu. 

Insouciance de la jeunesse !

25 avril 2017

Le tunnel de la «mort»

En 1932, le Plateau Mont-Royal est presque complètement développé et de nombreuses industries sont établies sur son territoire.  Les déplacements deviennent de plus en plus nécessaires et il faut se rappeler que notre quartier est en grande partie enclavé, au nord et à l’est, par des voies ferrées du Canadien Pacifique qui sont très importantes et très fréquentées.

photo archives de la Ville de Montréal  VM94-Z1505.3

Aussi, pour l’économie montréalaise et pour les résidants qui ont à se déplacer, les traverses à niveau datent de plus en plus d’une époque révolue.  Au début du vingtième siècle, les voies importantes du quartier commencent à se doter peu à peu de passages en tunnel, mais il faudra attendre les années de la «Grande Crise» pour voir ces travaux s’accélérer. 

Le boulevard Saint-Joseph, dont les différents tronçons sont maintenant unifiés, se bute à l’est aux voies ferrées du secteur Iberville.  On voudrait bien prolonger le boulevard jusqu’à Pie IX.  Les travaux s’amorcent afin de franchir l’obstacle.  Le défi est important puisque trois séries de voies ferrées obligent la construction de trois tunnels.  Un pour la rue Iberville et deux (de part et d’autre de la rue Iberville) pour la traversée du boulevard Saint-Joseph.  Cela produit un carrefour qui est entièrement enfoncé dans le sol et les plafonds et parois des tunnels rendent la visibilité très difficile pour les automobilistes.  Il y aura au cours des ans de nombreux et graves accidents qui lui donneront ce fameux surnom de «tunnel de la mort». 

En 2000, la Ville de Montréal annonce d’importants travaux de réfection, mais à ce jour, seul le tunnel ouest a été démoli.  La photographie nous montre bien l’ampleur de cet ouvrage de titan; réalisé par des fourmis ouvrières équipées davantage avec leur détermination et leur inventivité, que par les gros équipements lourds que nous connaissons aujourd’hui.

17 mars 2017

Le parc La Fontaine de mon adolescence.

En 1954, le parc La Fontaine se dote d'une patinoire "artificielle".  L'installation est non seulement innovatrice; mais surtout très impressionnante avec ses kilomètres de tuyauterie. 

parc La Fontaine patinoire artificielle 1954 VM94-Z530-4

source de la photo archives de la Ville de Montréal

Finies, les saisons écourtées; finis, les redoux dévastateurs !  Outre l'intérêt de cette "assurance froidure", c'est surtout la longueur de la saison qui s'allonge au grand plaisir de tous, en y ajoutant plusieurs semaines.  Les jeunes peuvent maintenant planifier leurs sorties, sans risque de se faire jouer une patte par la météo.  Située à l'arrière du chalet de l'avenue Calixa-Lavallée, au centre du parc, cette patinoire est la coqueluche des adolescents du quartier et est bondée de jeunes du midi jusqu'au soir.  On y tournoie en couple, en se prenant par la taille; ou en solo, surtout pour les garçons, pour y faire montre de nos capacités de patineurs de vitesse. 

L'époque nous présente des ados bien sages et qui vont même patiner tout cravatés.  Cliquez sur les photos pour les agrandir et prendre connaissance des différents participants à cette séance de patinage.

1955 Patinage au parc La Fontaine, Archives de la Ville de Montréal,VM105-Y-3-063-04

source de la photo Archives de la ville de Montréal  /  VM105Y-3-063-04

Après quelques tours on s'arrête en bordure, en s'appuyant à la bande de bois, pour y jaser entre amis ou faire les yeux doux à notre flamme.   Personnellement, je peux vous dire que notre jeune couple adolescent y était tous les soirs et que nous avons probablement parcouru la distance de la terre à la lune quelques fois sur cette patinoire.  Que de souvenirs!

Cette installation est révolutionnaire pour l'époque, tout comme le réaménagement du parc La Fontaine qu'entreprends Claude Robillard, nommé l'année précédente comme directeur du tout nouveau Service des parcs de la Ville de Montréal.  Ce service est d'ailleurs installé à l'époque dans le chalet que l'on voit sur la photo. 

Les années 1950 verront alors une transformation majeure de notre bon vieux parc avec la création, entre autres, du grand chalet-restaurant; du Théâtre de Verdure; du Jardin des Merveilles.   Bien sûr, le parc La Fontaine dans sa version "Âge d'Or" des années 1930-1940, y a perdu quelques plumes (le pont des amoureux, les grandes serres, la maison du responsable du parc, etc.), mais il a alors atteint une certaine modernité qui en fait toujours un élément exceptionnel du patrimoine montréalais.   

En attendant, cette année, nous avons malheureusement déjà accroché nos patins !  Par contre, Il nous reste toujours les Canadiens ! 

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